Alcantarà-Samedi 05 août 2006

Publié le par Virginie et Simon

Saõ Luis, Alcantarà

Visite de Alcantarà, roda improvisée de capoeira, dîner maranhese

 

Alcantará.

Le matin, nous arrivons au petit port de Sao Luis afin d’embarquer pour l’unique bateau de la matinée en direction de Alcantarà. Une fois arrivée, la marée étant trop basse pour partir, on nous fait monter dans des taxis qui nous emmènent vers un autre embarquement improvisé depuis une plage. Les gens du port remplissent au maximum les taxis, et c’est comme ça que nous nous retrouvons avec un capoeiriste en train de lire un bouquin sur le sujet. Incroyable ! La journée commence plutôt bien. Nous discutons à bâtons rompus avec lui. Il a pratiqué la Regionale pendant 6 ans et pratique l’Angola depuis 2 ans maintenant. Nous sommes samedi et il se rend à une roda ouverte qui a lieu le soir même à Alcantarà.

 

Evaldo et Simon ouvrent la roda de capoeira.

Quel dommage que le seul bateau du retour soit à 16h30 ! Et quel dommage que nous partions le lendemain pour Natal car nous aurions pu aller dans son cours à Sao Luis. Contrairement à ce que l’on imaginait, ce n’est pas facile de trouver des cours de capoeira au Brésil. Ca le sera très certainement à Salvador de Bahia, mais ailleurs… rien. Tout comme les écoles de samba d’ailleurs qui sont fermées pendant l’hiver brésilien et ne ré-ouvrent qu’en octobre. Snif…

 

Jeu de capoeira.

Sur le catamaran qui nous mène tant bien que mal, malgré sa panne (qu’on ne remarque même plus), jusqu’à Alcantarà, le capoeiriste passe un coup de fil de son téléphone portable à son frère qui est déjà sur place.

 

"Chamada", mouvement de capoeira.

Lorsque nous arrivons 1h30 plus tard, une poignée de capoeiristes, dont le frère de de notre ami Evaldo, angoleiro jusqu’au bout du chapeau, nous attendent avec le berimbau, l’agogo et le pandeiro… Tout le monde toque et chante ! On nous propose direct là comme ça, une petite roda sur le quai à 3 cm du bateau, par 38° à l’ombre ! Dur… on demande juste un peu d’ombre… alors on remonte les quelques mètres qui séparent le tout petit port au village de Alcantarà, tout en marchant solennellement au rythme du berimbau. On s’installe à l’ombre des arbres, sur une terrasse de café vide (ou peut-être bondée de fantômes, on ne sait pas...).




Les capoeiristes prennent les chaises en plastiques du bar et les installent en rond afin de créer l’ambiance imaginaire de la roda. Avec Walid et Simon, on s’installe tous les 3 sur les chaises pendant que le frère entame une ladainha toute spéciale pour moi puisque j’avais demandé au capoeiriste du bateau s’il y en avait des particulières à la région.

 



Puis la roda s’ouvre, avec Simon et Evaldo. Quelques petits jeux d’angola gentils mais qui les épuisent et les mettent en eau l’un comme l’autre. Simon est aux anges. Les gamins capoeiristes qui accompagnent les plus grands sont très fiers d’être de la roda avec des Français ! Tout cela est bon enfant… quel bon moment !

 

Jeu de capoeira.



Il est presque 13h00. Les capoeiristes nous conseillent un petit resto où déjeuner. Nous ne les reverrons malheureusement plus.

 

Au fil des rues de Alcantará...


Le resto est une autre aventure humaine. La cuisinière, chef du lieu « mondialement connue sous le nom de Baxà » nous dit-elle, nous reçoit dans sa salle à manger. Elle nous concocte quelques plats locaux à base de poule cuite dans son sang et de légumes, le tout servi dans des feuilles de bananier. Un délice.


Simon, Baxà et Walid.


Danse de samba maranhese.

Baxá devant son restaurant à Alcantará.

Walid discute beaucoup avec elle, de tout et rien d’abord. Il a le contact facile avec les gens, et du coup, ça nous facilite les choses. De discussion en éclats de rire, nous en venons à parler de sa passion pour une danse folklorique locale tirée de la samba. Walid la pousse un peu sur le ton de la rigolade, et hop ! En deux trois temps mouvement, voilà Baxà, 65 ans au minimum, qui enfile sa jupette à froufrous et qui nous fait une démo. Les petites filles de 7 ou 8 ans arrivent et hop ! Démo familiale avec la mamie qui bat le rythme en tapant sur la table à coups de poing.
 

 

Alcantarà.






Et puis, Baxà discute beaucoup, elle nous raconte aussi qu’elle a perdu 10 enfants en bas âge sur 17… « mais c’était il y a longtemps », preciset-elle des larmes dans le coeur. « Ce n’est plus comme ça maintenant ».

No comment.

 



Alcantarà.





Les vestiges du marché aux esclaves au coeur de Alcantará.

Il est 14h30, et nous ne connaissons d’Alcantarà que les 20 mètres qui doivent désormais nous séparer du port. Mais tellement plus du Brésil !

 

Alcantarà.


Après de longues embrassades avec Baxà qui nous demandent de dire à tous les Français que l’on connaît d’aller manger chez elle (c’est chose faite !), nous partons Walid, Simon, et moi-même sur les chemins de pierres vieilles de plusieurs siècles des ruelles de Alcantarà.

 

Alcantará.

Des maisons colorés parfois très bien rénovées, mais la plupart du temps abandonnées, témoignent d’un passé d’une grande richesse. On se demande où sont les cachés les habitants. Il est vrai que le soleil cogne dur (pas un arbre dans les rues) et qu’il nous donne à nous aussi envie de nous réfugier dans une maison fraîche jusqu’à la tombée de la nuit.


Le gamin entoure sa bouteille d'eau vide avec le fil de son cerf-volant.


On a l’impression que c’est un magnifique décor de film qui aurait été abandonné depuis des siècles, et qui serait désormais habités par des gens de la mauvaise époque. Comment ne pas aimer Alcantarà ?

 





Au fil des rues, l’un des gamins de la roda de capoeira du matin rattrape Simon et lui dit :

Le gamin : je t’ai vu faire de la capoeira ce matin, tu joues drôlement bien !

Simon : boh… pas terrible quand même.

Le gamin : oh si ! Moi aussi je vais jouer comme ça quand je serai grand ! Tu t’appelles comment ?

Simon : Simon, et toi ?

Le gamin : Vitore. T'aime bien mon village ? C'est beau ici hein ?

Vitore vient vers moi et regardant ma peau de rouquine rougir sous lesoleil :

Vitore : toi t’es une bonne petite blanche ! Faut te mettre de la crême solaire !

Virginie : j’en ai mis plein déjà !

Vitore : ah bon??????????????


 

Vitore et Simon devant une maison carrelée d'azulejos.

Vitore est béat d’admiration devant Simon qui a juste eu l’impression de faire tout le temps les 3 mêmes coups et la même esquive, et ne comprend vraiment pas ce que ce gamin raconte. Mais le gamin ne le lâche pas, il lui parle de ses cours de capoeira. Et tous les deux discutent de Alcantarà. Vitore connaît son village sur le bout des doigts. A un croisement de rue, il dit qu’il doit prendre un autre chemin pour rentrer chez lui, et hop ! Il disparaît et on ne le reverra jamais plus.

Etait-ce un fantôme ? Le fruit de notre imagination ?
 

 
Alcantarà.

Nous nous baladons dans les étranges rues de Alcantarà où Walid nous fait goûter de l’acerola fraîche (un vrai délice !) cueillie à même les arbres, des biscuits locaux à la noix de coco, nous parle de l’historique de la ville et de toutes sorte d’autres choses… jusqu’à l’heure du départ où là encore le bateau a décidé d’être en avance et ne nous a pas attendu. Walid qui ne recule devant rien, demande à la vendeuse de ticket le numéro de portable du commandant de bord pour lui téléphoner et qu’il revienne nous prendre ! Et bien entendu, il ne reviendra pas. Ouf… un autre bateau suit un peu plus tard. C’est, comme d’habitude, à n’y rien comprendre.

 

Walid et Simon.

La traversée avec le coucher du soleil a finalement été des plus agréables.

Nous rentrons nous reposer à la pousada avant de repartir chez Filomèna et Walid pour le dîner du soir.

 

Alcantarà.


Eux aussi habitent dans un building complètement fermé parmi d’autres buildings, dans la ville nouvelle de Sao Luis. Ici, ce ne sont que centres commerciaux, banques et buildings modernes. Aucune âme comparée à la vieille ville. C’est pourtant l’endroit favori des Brésiliens… pour vivre. On imagine que cela doit être dangereux de vivre à Sao Luis...
Leonidas, qui vit lui aussi dans le centre historique de Sao Luis, nous avait dit que les Brésiliens n’aimaient pas beaucoup vivre dans l’ancien ni rénover. Ce n’est visiblement pas dans leur culture. Le « top du top » comme disait Leonidas, c’est de vivre dans un de ces immeubles modernes.

 

Alcantará.

Nous sommes très bien reçus et Filomèna nous a préparé deux sortes de poissons locaux ainsi que des crevettes cuisinées, et un dessert proche du tiramisu, mais avec de la banane grillée à la place des boudoirs. Très bons !

 


Moto taxi à Alcantarà.

Elle me donne certaines de ses recettes, et m’offre des petits livrés de recettes typiquement brésiliennes aussi…

Walid et Simon discutent beaucoup de la vie des Brésiliens. Décidément, c’est un sujet que les Brésiliens et nous mêmes aimont aborder. Eux, se considèrent comme des gens riches alors que pour nous ils vivent tout à fait "moyennement", comme nous en France quoi, normalement, sans excès de richesse comme on pourrait se l'imaginer. Mais il est vrai que tout est relatif. Au Brésil, cela peut paraître pour « riche » ! Difficile de savoir…



Pour notre dernière soirée, nous souhaitons fortement aller nous promener dans le Centre Historique où, en fin d’après-midi, des musiciens s’installaient à toutes les terrasses de bars et de restos. Walid et Filomèna désirent nous accompagner afin de nous guider. Mais bizarrement, ni l’un ni l’autre ne sont décidés de nous y emmener réellement. Ils nous font faire le tour de la ville historique en voiture, loin du centre animé. Cela dit très agréable et intéressante de nuit.


Simon se protège du soleil de cet fin d'après-midi.

Lorsque nous nous arrêtons en voiture, nous en profitons pour leur dire que nous souhaitons rentrer à pieds par le centre animé de bars. On leur dit qu’ils en ont déjà fait assez, ce qui est vrai, mais qu’ils peuvent aussi, s’ils le souhaitent, nous accompagner à pieds. Ils ont l’air horrifiés quand on leur propose ça. Nous nous disputons presque lorsque l’on dit que l’on souhaite marcher et ne plus aller en voiture, mais ils semblent terrorisés de ce qui pourrait nous arriver. Franchement, même dans les guides, il est écrit qu’il n’y a pas grand chose à craindre à Sao Luis. C’est plein de touristes français et brésiliens qui sirotent tous tranquillement un verre aux terrasses au rythme des pandeiros et cavaquinhas… rien à faire, ils ne nous écoutent pas et nous obligent à repartir en voiture pour refaire le tour de la ville jusqu’à notre pousada alors qu’elle se situait à 7 minutes à pied à peine de là où on se trouvait.

 

Coucher de soleil sur le vieux Saõ Luis.


On a beau leur expliquer qu’on a fait plusieurs fois le chemin avant de les rencontrer et que tout va bien, qu’on prend la responsabilité d’une attaque, d’une agression voir même d’un assassinat, ou autre et pour toute réponse : « vous rentrez dans la voiture ». Etrange, là encore… on n’a pas tout compris. Surtout que Walid a dit à Simon dans la soirée : « Ici à Sao Luis, vous n’avez rien à craindre ! ». Fatigués de discuter sans être écoutés, nous finissons par monter dans la voiture.

 


Saõ Luis.


Une fois plus, nous ne comprenons rien de ce qui nous arrivent.

 

De retour à la pousada, on attend qu’ils partent pour ressortir faire un petit tour à pieds. Mais il est tard et tous les bars sont presque fermés maintenant.  On s'était dit avec Leonidas qu'on se croiserait focément au coin d'un bar... tant pis.

 
Saõ Luis.

Malgré tout, la journée fût exceptionnellement excellente, riche en émotions de toutes sortes !

 

Demain matin, nous prenons l’avion pour Natal, et rejoignons donc la côté ouest du Brésil.


Capoeiristes á Alcantará.

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