Salvador-jeudi 31 août au sam 2 sept 06

Publié le par Virginie et Simon

Salvador de Bahia

Expo Pierre Verger, cuisine bahianaise, quartier du Pelourinho

 

















Devant la maison de Jorge Amado (en bleu à gauche).
Salvador de bahia. Quartier du Pelourinho.

Le jeudi, nous essayons d’occulter les désagréments de la veille. La jeune femme de ménage qui vient tous les jeudis chez Cidinha nettoie la cuisine lorsque nous nous levons. Elle nous dit que Cidinha lui a tout raconté et elle est désolée pour nous. « Un type va venir changer la serrure de la porte d’entrée », dit-elle pour nous rassurer.

Vanià prend cette « agression » presque pour elle, et culpabilise. On comprend car elle vient d’une favela.

Elle nous dit : « là où j’habite, les gens pensent tous que les étrangers ont « L’Argent ». Comment vous vivez en réalité ? ».

 












Salvador de bahia. Quartier du Pelourinho.

On lui raconte… c’est indiscutable, on vit mieux qu’eux, surtout socialement parlant. Mais ce voyage par exemple, c’est aussi plusieurs années d’économies. Elle n’en revient pas. On ne vit pas mieux que les Brésiliens qui travaillent et vivent dans les condominios. On parle de l’école qui est obligatoire, du travail des enfants qui est interdit. Et que tout ceci est la condition sine qua non pour que les gens espèrent un avenir meilleur. On lui explique à quel point c’est difficile de trouver du travail en France. Qu’il y a aussi beaucoup de mendicité à Paris, et de violence aussi. Que même en ayant des années d’étude, on n’est pas sûr d’avoir du travail.

Mais rien de comparable à Salvador apparemment.

Vanià, qui n’est allé à l’école que pendant 4 ans, reste bouche bée : « ah bon ? Je n’imaginais pas ça… Pourquoi aller à l’école ?».

 















Salvador de bahia. Quartier du Pelourinho.

Nous lui faisons un café. Elle s’active autour de nous, gênée que l’on puisse avoir cette attention à son égard alors que des types d’une favela nous ont dépouillé. Elle est horrifiée par l’amertume de notre café que nous buvons sans sucre et sans lait.

 

 

















Photos de Pierre Verger.

www.pierreverger.org/fr/

















Elle rit : « sans lait et sans sucre ? Beurrrrrrrrck… comment c’est possible de boire sans lait et sans sucre ? ».

Vanià : « c’est la première fois que je bois quelque chose d’étranger et c’est aussi la première fois que des étrangers me parlent et me posent des questions. Les gens qui ne sont pas des favelas ne me parlent pas d’habitude. Sauf Cidinha qui va être la marraine d’un de mes enfants».

Vanià a 26 ans et déjà 5 enfants dont un de 10 ans. Son mari est l’un des gardiens de l’immeuble.
















 

Photos de Pierre Verger.
www.pierreverger.org/fr/


Cidinha revient pendant son heure de déjeuner pour nous emmener à l’expo Pierre Verger, et ce, afin que nous n’ayons pas le bus à prendre pendant 45 minutes. Elle est adorable et incroyablement généreuse. Sa vivacité nous fait un bien fou.




















 

Photos de Pierre Verger.
www.pierreverger.org/fr/


Salvador sous la pluie et la grisaille, une purée de pois plombante, pire que la veille. C’est ainsi que nous découvrons la baie de Tous les Saints.

















Photos de Pierre Verger.

www.pierreverger.org/fr/


L’exposition Pierre Verger, organisée par la fondation du même nom, est un véritable joyaux. Un « show » comme dirait Cidinha qui a déjà vu l’expo plusieurs fois. La qualité des tirages photographiques comme l’organisation de l’exposition est passionnante.




 















Photos de Pierre Verger.
www.pierreverger.org/fr/


Pour ceux qui ne le connaissent pas, le reporter photographe français Pierre Verger a vécu 40 ans à Salvador de Bahia. Grâce à ses clichés en noir & blanc, il retrace l’histoire du Brésil, sa culture issue de l’esclavage des peuples africains, ses traditions, ses religions, sa condition. Il brosse le portrait d’hommes et de femmes de la rue, du monde du travail.




















Photos de Pierre Verger.

Le lieu choisi pour cette expo est également de qualité. Le « Solar da Uniaõ » est un ensemble de riches demeures ayant appartenu à une même famille, et donnant sur la baie de tous les Saints. Il y a une chapelle et des senzalas désormais transformées en resto aux spécialités locales particulièrement savoureuses.

 

 

















Photos de Pierre Verger.



Quelle chance d’être tombé sur cette expo ! Le film conçu par Alex Baradel, responsable du service photographique de la fondation Pierre Verger, est une véritable petite merveille. Une succession de cliché projetés sur un immense mur, sont classés selon les divers thèmes abordés dans l’art photographique de Pierre Verger. La bande musicale s’inspire des rythmes issus des sujets photographiés : carnaval, capoeira, candomblé, samba de roda, maracatù, frevò etc… Dommage que ce film ne soit pas en vente. On le verrais bien 100 fois… au moins…

 
















Photos de Pierre Verger.

 




















Mestre Pastinha jouant du berimbau. Photos de Pierre Verger.


Nous nous balladons dans les alentours puis nous reprenons un taxi en fin d’après-midi.

En rentrant, nous discutons encore un peu avec Vanià avant qu’elle ne reparte chez elle. Elle espère nous revoir bientôt… avant notre retour en France. Cela nous touche beaucoup.

 

Le vendredi, nous décidons de nous rendre dans le quartier du Pelourinho. C’est le quartier le plus ancien de Salvador. Toutes les anciennes demeures, les églises sont proprement repeintes. Comme lors de notre 1ère visite, la vie touristique qui s’écoule ici nous stresse un peu. Nous sommes assaillis de toutes parts par des enfants aux bracelets à vendre, des hommes et des femmes avec des colliers de graines qui vous suivent pas à pas jusqu’à ce que vous répondiez 5 fois « Non ». Mais historiquement, le lieu est splendide. Presque trop « propre » même.



 














Maison de Jorge Amado.
Salvador de bahia. Quartier du Pelourinho.

Des magasins de capoeira vendent des berimbaus d’une qualité médiocre, armés depuis des lustres et qui ne sonnent déjà plus depuis longtemps. Chaque magasin de souvenirs vend ses abadas (pantalon de capoeira) d’une qualité toute aussi insignifiante. Le prix des livres sur le sujet dépasse celui des ventes sur internet. Les magasins d’artisanat vende quelques objets que nous avons déjà vu dans d’autres région mais à des prix parfois multipliés par 10 ! Il n’y a rien de véritablement local, si ce n’est que les colliers de Saints et les costumes bahiannais.


 















Salvador de bahia. Quartier du Pelourinho.

La plupart des académies connues dans le monde de la capoeira ont une enseigne dans deux des rues du Pelourinho. Emily, notre amie canadienne rencontrée à Olinda, nous avait parlé des cours qu’elle avait pris dans l’Académie de Bimba. Nous le constatons facilement car les tarifs sont affichés dans toutes les académies. Tarifs exorbitants (20 reals, soit 8 euros le cours !!!), spéciaux pour les touristes à qui on ne donne pas vraiment les horaires des cours collectifs des gens d’ici. Il faut payer 5 Reais (2 euros !) pour faire une photo, 15 reais pour regarder le « spectacle » où les caméras sont interdites. Nous décidons d’emblée de fuir cette académie et nous nous rendons à l’association brésilienne de capoeira Angola « A.B.C.A ». Normalement, la capoeira Angola qui est la capoeira traditionnelle, prétend encore aujourd’hui divulguer une philosophie fidèle à la mémoire des esclaves et à l’art de la capoeira. En rentrant dans la boutique du rez-de-chaussée de cette association, 2 jeunes gens regardent les novellas de l’après-midi. Malheureusement, ils sont bien incapables de nous répondre sur quoique ce soit. Ils ne connaissent pas ce qu’ils vendent, ils connaissent juste les prix. Au 1er étage, nous entendons un cours de percussions.


 













Salvador de bahia. Quartier du Pelourinho.

Nous : « Qu’est-ce que c’est ? Quel type de percussion ? ».

L’un comme l’autre hausse les épaules. Ils ne savent pas.

Ils nous disent de monter pour regarder. Nous y allons. Dans les escaliers, des affiches partout indiquent : interdiction de photographier ou de filmer. Un prof donne un cours de percussions à 3 filles « touristes ». Nous écoutons quelques instants sans oser le déranger. En redescendant, comme nous n’avons pas osé interrompre le cours, avant que nous ne partions, le jeune mec de la boutique monte aussitôt chercher le prof. Celui-ci interrompt illico son cours, descend et nous donne une fiche avec tous les tarifs officiels qui sont en fait les mêmes que ceux qu’Emily nous avait mentionnés de l’Académie de Bimba (qui pratique l’autre type de capoeira, la plus contemporaine qui est appelé la Capoeira Régionale).























Salvador de bahia. Quartier du Pelourinho.


Il nous propose tout ce qu’on veut : batucadas diverses de carnaval, maracatù, percussions de capoeira etc… 20 reais par personne pour 1h30 de cours. Rien que ça ! Et en plus il connaît tous les styles de percussions de toutes les régions ???? Incroyable… On demande à voir. On se contentera des cours à Paris qui coûte moins cher et avec des profs tout aussi Brésiliens qu’eux et surtout plus authentiques finalement. Nous nous étions renseigné à Paris pour une association de Batucada. Cela coûtait 100 euros pour 1 an d’inscription à raison d’un cours par semaine, matériel fourni. Bien évidemment, il est normal de payer, mais il y a des limites dans l’exagération que nous ne souhaitons pas franchir.

Nous disons OK au prof puis nous partons, découragés.

 












Salvador de bahia. Quartier du Pelourinho.

Mais où est-il possible de faire de la capoeira dans cette ville en dehors du Pelourinho ? Loin de tout ce commerce invraisemblable ? Nous l’ignorons.

Je me souviens de plusieurs discussions que j’ai eu avec mon professeur de capoeira, Jorge. Avec son épouse, ils ont emmené plusieurs fois quelques élèves du groupe Beriba Brasil au Brésil (dont moi !) afin de pratiquer la capoeira dans plusieurs groupes et de mieux connaître la culture brésilienne.


 












Publié dans Salvador de Bahia

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